• Réalités.

    L’univers tel que nous le connaissons est-il le seul existant ?
    Voilà bien une question qui intriguait notre homme. Si il avait fait d’autres choix dans sa vie, en serait-il au même point aujourd’hui ? Et si, à chaque instant, à chaque choix que nous sommes amenés à faire, quelque part, dans une autre réalité, une copie exacte de nous même en faisait un autre ? Légèrement différent, mais suffisant pour créer une autre réalité ? En y réfléchissant, si cela était le cas, il existerait alors une infinité de mondes parallèles, certains sans doute très semblables, d’autres totalement différents.

    D’un geste las, Antoine appuya sur le bouton du radioréveil, faisant cesser le bruit insupportable qui lui vrillait les tympans. 5h45… il était bien tôt pour se lever, sa journée ne commençant qu’à 9h, mais Antoine aimait profiter des rares instants de calme du matin, en marchant sans but précis dans le parc en bas de chez lui. C’était bien la seule chose qui mettait un peu de couleurs dans sa vie morose. En se redressant sur son lit, il jeta un œil dans la pièce. Une bonne couche de poussière et de crasse recouvrait le sol et la plupart des objets jetés négligemment aux quatre coins de la pièce. Un regard vers la petite table de la pièce qui lui servait de chambre, cuisine et salon, l’informa qu’il serait grand temps de descendre les bouteilles de bière au container en bas de l’immeuble. Une chose qu’il se serait bien passé de faire… Attrapant un vieux carton, Antoine entreprit de les y entasser rapidement.

    « Au moins, ça s’ra une chose de faite, grommela-t-il »

    D’un pas traînant, il se dirigea ensuite vers la salle de bain, dans un état tout aussi déplorable que la pièce précédente. Le reflet que lui renvoyait son miroir n’était guère flatteur. Mal rasé,  une tignasse qui le décourageait, ne serait-ce que de tenter de se coiffer, un regard quelque peu hagard…

    « Bah, de toute manière, ce n’est pas comme si j’avais rendez-vous avec qui que ce soit »

    Antoine prit tout de même la peine de s’arranger quelque peu. Il s’habilla rapidement, un vieux jean et un t-shirt, et il sortit. Evidemment, l’ascenseur était en panne, et il dut se trimbaler avec son paquet dans les escaliers. Une fois dans le hall, il s’en débarrassa bien vite, en jetant le tout à côté de la benne. Ce qui ne manquerait pas de faire râler le concierge, mais peu lui importait, il prenait même un malin plaisir à tourmenter le vieux grincheux.

    Enfin dehors ! Il pouvait maintenant flâner tranquillement, en attendant l’ouverture des bureaux. Peut-être arriverait-il en retard d’ailleurs. Journaliste de métier, il couvrait les faits divers de la ville, tous moins intéressants les uns que les autres, pour un salaire de misère.

    « Tss, m’étonnerait pas qu’ils m’virent un d’ces quatre, les ingrats… »

    Antoine finit par arriver à l’autre bout du parc. Il s’installa à une table du café situé en face. Il ne tarderait pas à ouvrir, et il pourrait prendre son croissant et café habituels, avant de gagner son lieu de travail, une rue plus loin. Les minutes passaient, quand son regard fut attiré par une affiche sur un des panneaux publicitaire bordant la rue, côté parc. Sur celle-ci, on y voyait la photo d’un homme, en pardessus, chapeau enfoncé sur les yeux, l’air louche. La date du 5 juin était mentionnée dans un coin, avec quelques noms d’acteurs connus. Antoine se souvint vaguement avoir entendu parler du film, un thriller qui semblait des plus prometteurs. Il trouvait tout de même un peu loufoque l’idée de ce personnage au chapeau vert fluo, mais, la curiosité aidant, peut-être irait-il au ciné du coin. Si il demandait à couvrir la sortie, peut-être même pourrait-il y aller aux frais de l’agence. Cela le ravirait et ferait sans nul doute enrager son patron, qui ne l’encadrait pas du tout. Chose réciproque entre les deux hommes.

    8h45. Antoine entra dans le bâtiment. Il se dirigea vers l’ascenseur. Un collègue, Eric, attendait également l’arrivée de la machine. Il ne le salua que d’un bref signe de tête. Les portes s’ouvrirent et les deux hommes entrèrent. Antoine allait appuyer sur le bouton du 5ème étage quand Eric lui souffla :

    « Ah, au fait, le patron veut te voir à ton arrivée. »

    Antoine se demandait ce que pouvait lui vouloir le directeur à cette heure. Il haussa les épaules et pressa donc un deuxième bouton, celui du 6ème. Arrivée à la porte de la direction, il toqua vivement. Une voix lui répondit d’entrer. A peine eut-il franchit les portes que Richard lui annonça, de but en blanc :

    « Ah, c’est vous Antoine. Bien, vous êtes virés. »

    Ce dernier mit quelqu’un temps à assimiler l’information. Certes, dernièrement, ça lui pendait plus ou moins au nez, mais comme ça ? Sans rappel préalable ?

    Antoine s’apprêter à protester, puis il se ravisa. De toute manière, ça ne changerait rien. Il tourna les talons, et s’en alla sans un mot. La suite de la journée, il l’occupa à s’imbiber d’alcool pour faire semblant d’oublier un job qui ne lui plaisait guère. Ce qui l’embêtait surtout, c’est qu’il faudrait de nouveau chercher de quoi bosser, suivre de nouveau des formations plus inintéressantes les unes que les autres.

    L’après-midi n’était pas bien avancée quand le barman finit par refuser de le servir. Encore une fois Antoine eut envie de contester, mais la partie de lui encore un tant soit peu lucide lui conseillait de rentrer, de se coucher, et d’oublier cette journée. Ce qu’il fit.

    ***

    6 Juin, 9h, et un affreux mal de tête. Ca faisait longtemps qu’il n’avait plus eu la gueule de bois. Antoine jeta un regard assassin à son réveil, objet de torture avec sa sonnerie stridente, tenté un instant de le balancer par la fenêtre. Il préféra toutefois mettre fin au supplice de manière plus conventionnelle. Il avait déjà assez de problèmes pour ne pas devoir en plus en racheter un. Au calme, le mal lancinant s’atténua. Antoine devait récupérer les quelques bricoles qu’il avait laissées au bureau hier, aussi, il se prépara tant bien que mal, l’esprit toujours embrumé.

    Fort heureusement pour lui, le parc était assez tranquille aujourd’hui, bien qu’approchant 10h. Il faut dire que le temps couvert et le vent frisquet n’incitaient pas à sortir. Lui ne s’en plaignait pas, l’air frais lui faisait du bien et l’aidait à remettre un peu d’ordre dans son esprit. Il atteignit les bureaux, et poussa les portes en verre de l’entrée d’un geste vigoureux. Et là, tout le monde lui tomba dessus. Antoine mit un peu de temps à comprendre.

    « Eh bien, Antoine, vous étiez où ? L’affaire McKinley ne va pas avancer toute seule, nous avons besoin de vos dernières notes ! s’exclama Richard.

    - Hein, que quoi ?

    - C’est dans ce porte-document ? Demanda Eric, le rédacteur en chef, lui arrachant l’objet des mains, qu’il avait machinalement pris chez lui.

    - Eh, mais, une minute ! On m’explique ? Et puis, TAISEZ-VOUS, MERDE ! »

    Les regards se tournèrent tous vers lui, qui se tenait la tête dans les mains, en grimaçant.

    « Ah, hem, oui, désolé Antoine, dit Eric d’un ton plus posé, vous avez dû y travailler toute la nuit et devait être un peu fatigué. Enfin, c’est bien les documents que nous attendions, encore une fois, vous avez montré qu’on peut compter sur vous.

    - Heu… Je voudrais juste récupérer quelques affaires moi, murmura Antoine, un peu déboussolé.

    - Ah non, pas de boulot aujourd’hui, lança Richard. Vu votre mine, un peu de repos vous fera du bien, rentrez chez vous, l’article est quasiment fini de toute manière. »

    Et c’est ainsi qu’il fut reconduit avec douceur mais fermeté jusqu’à la sortie. Complètement perdu, Antoine finit par s’installer à son café habituel. Au bout d’un moment il finit par assembler les divers éléments dont il avait connaissance. L’affaire McKinley était sans doute l’une des plus grosses qui n’ait jamais éclaté en ville : corruption, manipulation, et magouilles en tous genre, cela touchait même certains membres haut placés du gouvernement. Très bien, mais pourquoi l’équipe entière du journal l’avait-elle autant congratulé ce matin ? On dirait presque que c’est à lui que revenait ce scoop. Et pourquoi diable ces gens installés à la même terrasse lui faisaient de petits signes amicaux.

    Un frisson lui parcourut le corps. Pris d’une certaine inspiration, il courut jusqu’à la poubelle du parc, de l’autre côté de la rue, la fouilla, et trouva presque aussitôt ce qu’il cherchait : le journal du 5 Juin.  Ce qu’il lut en première page le fit pâlir et lui donna le tournis.

    Affaire McKinley : Antoine Bonnœil, journaliste du Real Time révèle des faits troublants. Le pays ébranlé !!

    Impossible, ce n’était pas lui, il en était sûr. Cette fois son cerveau fonctionnait extrêmement vite, les théories s’enchaînaient, il pensait à de multiples possibilités, mais tout semblait n’indiquer qu’une seule chose : IL avait fait ça, son autre lui, dans ce monde qui n’était pas le sien. Pris de vertiges, Antoine s’assit à même le sol, se souciant bien peu des passants qui auraient pu apercevoir son manège.

    « Bon, je n’ai qu’une seule chose à faire pour en avoir le cœur net. »

    Antoine se rendit donc à la bibliothèque, où il savait que la quasi-totalité des archives journalistiques y étaient entreposées. Il passa ainsi sa journée à éplucher des tas de documents. Ce qu’il y trouva le rassura un peu. Ce monde était très semblable au sien, à quelques détails près. Ici, à cette date, ce n’était pas la même équipe de basket qui avait gagné, là encore, on avait repeint les bancs de telle rue d’une autre couleur, etc. En bref, le changement majeur pour lui était sa soudaine promotion.

    Antoine rentra à une heure tardive ce jour. Le bibliothécaire lui ayant laissé les clés pour lui permettre de rester. Il lui avait confié que ce n’était pas dans ses habitudes et contraire au règlement, mais croyant qu’Antoine cherchait des informations sur l’affaire en cours, il les lui avait laissé de bon cœur. Enfin, cela l’avait bien arrangé.

    En ouvrant la porte de son appartement, un détail qu’il n’avait pas remarqué lui sauta aux yeux : c’était propre. Certes, des articles divers, des brouillons, et tout en tas de paperasse couvraient le moindre centimètre carré de la pièce principale, mais c’était propre ! Il devait vraiment être dans un sale état ce matin pour ne pas s’en être aperçu. Décidément, cette nouvelle vie lui plaisait bien. Fourbu, mais pour une fois heureux de sa journée, il se coucha sans mauvaise pensées en tête.

    ***

    Le lendemain, à son réveil, il se passa quelque chose pour le moins surprenant : il n’était plus chez lui, mais dans un lit aux draps de satin, une femme au corps dénudé couchée à ses côtés. Il la reconnut immédiatement, Morgane, la fiancée du directeur. Il crut faire un arrêt cardiaque.

    Sans trop chercher à comprendre, il bondit hors du lit, s’habilla en quatrième vitesse et se précipita vers la porte. Avant qu’il n’ait le temps de l’ouvrir, il entendit la jeune femme se retourner et lui demander pourquoi il semblait si pressé de partir. Sans oser la regarder, il lui répondit rapidement qu’il s’était souvenu d’une chose urgente à faire, et qu’il la rappellerait. Sans attendre de réaction, il s’enfuit en claquant la porte.

    « Bon sang, dans quelle galère je suis tombé moi, murmura-t-il dans les escaliers, en les dévalant. »

    Une fois hors de la villa, il se sentit un peu mieux. Il croisa un jardinier qui lui adressa un sourire complice. Visiblement, leur relation n’était pas très secrète…à moins qu’elle ne soit sa petite amie dans ce monde ? Non, sans doute pas, le regard de l’employé en disait long.

    Il soupira et se dirigea vers son lieu de travail, non sans une certaine appréhension. Il finit par y découvrir le fin mot de l’histoire. Le directeur était partit en voyage, et sa femme avait depuis longtemps une aventure avec lui. Les collègues semblaient tout aussi au courant que les travailleurs à la villa… Pour le reste, il n’y avait pas grand-chose de différent, il était toujours en charge de l’affaire McKinley.

    Antoine choisit de s’enfermer dans son bureau, puisque dans ce monde il en avait un, et demanda à ce qu’on ne le dérange pas. Il avait besoin de réfléchir. Ces glissements dans des mondes parallèles, au final, c’était plutôt excitant, même si aujourd’hui il s’était retrouvé dans une situation pour le moins cocasse. Cependant, une chose l’inquiétait, que se passerait-il si il glissait dans un monde où sa vie serait pire que celle qu’il avait connu dans son monde initial ? Cette simple éventualité avait eu tôt fait de le refroidir. Peut-être devait-il chercher un moyen de rentrer chez lui, dans le bon univers. Oui, mais comment ? Il ne semblait rien contrôler. Les quelques recherches qu’il tenta sur internet ne furent guère plus concluantes.

    Après sa journée, Antoine ne savait pas trop ce qu’il devait faire.  Rentrer à la villa, ou chez lui ? Richard ne rentrerait pas avant une bonne semaine, et l’idée de profiter des charmes de Morgane était séduisante. Le problème est qu’il ne saurait pas comment se comporter si elle lui posait des questions. Il avait même failli faire une belle gaffe au boulot, sur une question à propos d’un collègue, qui dans ce monde, était décédé. Il était sûrement plus sage de rentrer à son appartement. C’est d’ailleurs là, pendant son sommeil, qu’il semblait voyager.

    ***

    La porte qui vola en éclat réveilla soudainement Richard. Il était 5h à peine. Pris de panique il voulut se relever mais fut plaquer au sol sans ménagement, où il put admirer à loisir la belle couche de poussière si caractéristique de son monde d’origine. Un bon point. Les menottes qu’on lui glissait aux poignées, nettement moins par contre. Un peu groggy, il compris cependant qu’on lui lisait ses droits, et qu’on l’accusait du meurtre de son patron. Un peu plus tard, il comprit même beaucoup mieux ce qu’il se passait. Il aurait, selon les témoignages, débarqué au bureau le lendemain de son licenciement, un revolver dans la main, et fait feu sur Richard. Il aurait accusé le directeur du Real Time de l’avoir licencié à cause de la relation qu’il entretenait avec sa femme. Ce sur quoi le feu-patron du journal aurait éclaté de rire, avant de se prendre une balle en plein front. La jeune femme, interrogée, avait nié fermement. Pour Antoine, c’était évident, ses doubles avaient voyagés aussi ! Celui du monde qu’il avait quitté la veille avait dû se retrouver dans le sien, du moins il supposait que c’était le sien, tout concordant de ce qu’il avait vu jusqu’à maintenant. Et ce fameux double avait sans doute lu la lettre de licenciement, et cru qu’il était viré à cause de sa relation avec Morgane. Il suffisait d’expliquer ça. Ce qu’il fit au policier, à son avocat, et même au procès. Bien sûr, personne n’y crût.

    Les journaux parlèrent beaucoup de l’affaire, et notamment de l’évaluation des psychiatres. L’homme semblait souffrir depuis longtemps d’une légère paranoïa, en plus de troubles plus importants. Les experts soupçonnaient un début de schizophrénie chez le patient, ce qui expliquer sans doute ses élucubrations, son délire paranoïde. Après de nombreuses analyses et expériences, c’est ce qui fut d’ailleurs confirmé. Cependant, certains se demandent si il n’aurait pas développé ces troubles et sombré dans la folie après son arrestation, et son séjour prolongé en prison. La question restait donc ouverte quand à la responsabilité de ses actes au moment des faits.

    ***

    Jean-Edouard, un jeune étudiant lisait justement l’article qui rapportait l’affaire, assis à la terrasse d’un café bien connu. C’était peu rassurant que de savoir que de tels cinglés courraient les rues. Enfin, cette histoire serait bien vite oubliée. D’ailleurs il n’y pensait plus trop lui-même, il devait rejoindre une bande de copain pour aller voir le dernier film sorti…

    … L’homme au chapeau rouge.


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  • Rencontre sous la lune.

     

    Le ciel est dégagé, quelques étoiles commencent à apparaître, la lune brille tout là haut. Il ne fait pas froid, malgré une légère brise. Le sommeil ne venant pas, pourquoi ne pas faire une petite balade nocturne ?

    Je me lève, descends le vieil escalier en chêne, attrape une veste légère, ouvre la porte et sort. C'est un de mes petits plaisirs, ces promenades au clair de lune. Il faut dire que le coin est agréable. Une clairière, qui au petit matin se couvre de couleurs, au coeur de la forêt, avec en son centre une batisse en pierre qui s'élève.

    ***

    Il ouvre un oeil. La nuit va bientôt tomber, un vent léger souffle, dans la bonne direction qui plus est. Tant mieux, ça n'en sera que plus facile. Il s'étire, et hume l'air, il y sent des odeurs intéressantes. Cela devrait être une bonne chasse nocturne...

    Maintenant tout à fait réveiller, les sens plus affutés que jamais, il parcourt le court tunnel qui le ménera dehors. Le vent agite presque paresseusement les branches des arbres tout autour de lui, le sol semble jonché de ci de là, de petites taches lumineuses. Il jette un dernier regard à la tanière, l'entrée de celle-ci étant bien dissimulée par la végétation, il s'élance.

    ***

    Dehors, l'air frais me fais du bien. Toute trace de sommeil m'ayant quitté, je m'apprête à faire une de ses longues promenades, celles où je quitte les sentiers et me laisse guider par la forêt. Je m'engage donc au coeur de celle-ci, à l'affut du moindre petit bruit qui indiquerait le passage d'un de ses habitants. Un hibou qui hulule, quelques lapins qui se réfugient dans leur terrier à mon passage, une biche passant au loin,... Soudain un éclair argenté. Je m'arrête, et regarde autour de moi. Je me trouve près d'un point d'eau que je reconnais, de nombreux animaux ont l'habitude d'y passer, j'en aurais sans doute effrayé un...

    ***

    Après quelques foulées, histoire de réchauffer ses muscles, la recherche commence. En général, un individu blessé ou en mauvaise santé ferait une proie idéale, mais ce soir, une longue chasse, haletante et passionante, ne serait pas de refus. Hélas, depuis qu'il a quitté la meute, de tels événements sont impossibles. Il faut dire que malgré son endurance, de longues poursuites sur plusieurs kilomètres, sans relai, sont difficilement envisageables. Aussi, à défaut, il lui arrive de s'attaquer à des proies isolées un peu plus coriaces. Une façon de garder la forme pourrait-on dire. Et c'est à ce moment, alors qu'il flaire le début d'une piste, qu'un lapin pour le moins insolent surgis devant son museau... L'affront doit être lavé, et la tentation est trop grande, aussi il s'élance...pour ce réfugier aussitôt dans les fourrées. Quelle était donc cette étrange créature aperçue du coin de l'oeil ?

    Le vent soufflant dans la mauvaise direction, il ne l'avait sentie puis vue que tardivement...

    ***

    Je reste quelques instant sur place, espérant voir si celui qui était passé si rapidement devant moi décide de se montrer. Visiblement, ce ne serait pas le cas, mais j'ai tout de même une petite idée de l'animal en question, quelques meutes ayant été signalées dans les parages, il ne serait pas étonnant d'en apercevoir. Poussant un léger soupir, je reprends ma route, il y a près de ce point d'eau une trouée dans la forêt qui forme une sorte de petite clairière. Pour l'atteindre, il suffit de longer le ruisseau qui prolonge la source. De nouveau, je me laisse guider par les sons, et plus particulièrement par celui de l'eau s'écoulant entre les pierres. Je parviens assez rapidement à la clairière. Les fleurs qui s'y trouvent sont closes pour cette nuit, mais la flore n'est pas le seul attrait de ce lieu, on y trouve une vue du ciel sublime. Je lève les yeux et contemple la pleine lune qui s'offre à moi, j'ai l'impression que je pourrais la toucher rien qu'en tendant le bras. Je m'asseois sur une pierre, l'instant est idéal pour méditer quelque peu. Et c'est là que je l'aperçois, je souris...

    ***

    Un homme, c'est comme ça que cette créature doit s'appeler. Du plus loin qu'il se souvienne, son ancienne meute a toujours évité de s'approcher des Hommes. Ils peuvent être dangereux pour eux. Le bon sens voudrait qu'il se détourne du chemin pris par l'humain, mais son instinct le pousse à aller dans cette direction, il sent quelque chose de spécial chez celui-ci. Aussi étrange que cela puisse paraître, cet homme là semble être en harmonie avec la nature. A cela s'ajoute sa curiosité. Il suit donc l'homme, aussi silencieux qu'un loup peut l'être. En bordure d'une clairière, il stoppe et observe celui-qui-marche-sur-deux-pattes. Il semble perdu dans la contemplation de la lune, qui, il est vrai, est exceptionnellement belle en cette soirée. Tout à coup, il se sent lui même épié, les sens en alerte, il se rend compte que l'homme l'observe,...leurs regards se croisent alors, et la magie opère, ils se comprennent, partagent leur souffrance et leurs joies, se découvrent l'un l'autre,... Le loup en est convaincu, il vient de rencontrer un homme possédant une âme de loup, et il se sent envahie d'une profonde tristesse, lui qui est si libre, il comprend que les chaînes entravant cet homme sont sa plus grande souffrance.

    Il fait alors la seule chose qu'il peut faire, il hurle pour lui, pour cette liberté qui lui est refusée, un hurlement qui déchire la forêt tant il est chargé de tristesse... Hurlement qui trouve d'ailleurs écho.

    ***

    Je ne peux retenir une larme, ce hurlement, c'est comme si je communiais avec ces loups, comme si j'étais l'un deux. Je me vois déjà courant à leurs côtés. Décidément, ce serait une balade dont je me souviendrai longtemps. Il est maintenant reparti, je l'ai laissé s'en aller. Je savais après notre échange que si j'avais besoin un jour de réconfort, je pourrais le retrouver en ce lieu...


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  • Communion avec la nature

     

    Au loin, le ciel s'obscurcit. Bientôt elle sera là, froide, et pourtant si douce, agissant comme un baume.
    Je m'adosse à un arbre et patiente, attendant sa venue.

    Le vent se lève. Elle approche, doucement, se faisant presque désirer. En cet instant, le temps semble s'arrêter dans ce parc, perdu au coeur de la ville. 
    Je laisse cette brise agiter quelques mèches, sensation agréable.

    Il grandit, devient fort. Le courant d'air devient tempête, en son coeur, les notions du temps et d'espace s'effacent. 
    Je lui fais face, chemise ouverte, celle-ci, battant au vent, devient mes ailes.

    Les premières gouttes tombent. Pures et étincelantes,ce sont les larmes célestes, source de réjouissance pour les vivants.
    Je m'avance, relevant la tête, les yeux clos. C'est avec délice que je les laisse se déposer sur moi.

    Soudain, elle est là. Elle se déchaîne pour embrasser cette terre, à la fois terrible et bienfaisante. 
    Je m'expose à cette agréable caresse, qui me transperce.

    Le calme se fait enfin en moi. Cette force terrifiante qui cherche à me balayer apaise les brûlures de mon coeur, purifie mon corps.
    Je suis, sous cette pluie, tel un ange déchu.

    Bientôt elle s'en ira. Je goûte à ces derniers instants, hors du monde, la laissant couler sur mon visage.
    J'ouvre les yeux, un sourire aux lèvres, je me sens revivre.

    Déjà elle s'en va. Elle laisse le paysage détrempé, l'odeur de la vie s'en élève. Le monde s'éclaircit.
    Je me retire, plus mouillé que jamais, mais heureux...

     

    Certains ne comprendront sans doute jamais, mais la chose la plus simple, la plus courante sur cette planète, peut être source d'émerveillement...

    Qui n'a jamais été fasciné par les forces de la nature ? Qui ne s'est jamais exposé à ces forces ? Qui ne s'est jamais laissé emporté par ces forces ?


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  • La Nuit

    La nuit, qu'est-ce ?

    La tombée du jour, diront certains. L'heure où nous dormons, où tout est calme diront d'autres.

    Calme, peut-être pas...Quel secret peut-elle bien dissimuler ?
    Serait-ce l'espace d'un instant, le temps des créatures de l'ombre ?

    Qui n'a jamais senti son corps frissonner sans raison, au détour d'une rue plus sombre qu'une autre ? Ou même en parcourant son couloir, lumière éteinte, de peur de réveiller quelqu'un ?
    Serait-ce la manifestation d'un quelconque esprit, qui passant par là, nous aurait effleuré ?

    Qui n'a jamais cru entendre des bruits inexpliqués ? Des bruit de pas semblant provenir de la cour, et pourtant, personne à qui les rattacher...
    Ou un bruit sourd, surgissant de nulle part et ne trouvant aucune explication ...
    Serait-ce un être du monde de la nuit qui aurait oublié toute discrétion ? Ou des sons ressurgi du passé ?

    Qui n'a jamais, du coin de l'œil, entraperçu une forme quelconque dans un coin sombre d'une pièce ? Ou ressenti une présence derrière soi ? 
    Serait-ce une simple illusion, notre cerveau qui nous jouerait des tours ? Ou alors tout autre chose...

    Que doit-on en penser ? Que doit-on croire ?
    Doit-on en avoir peur ? Ou au contraire s'en réjouir ?
    Est-ce dangereux et hostile ? Ou inoffensif et bienveillant ?
    Doit-on nécessairement chercher à tout expliquer ?
    Ou, au contraire, se laisser envoûter par les mystères de la nuit ?


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  • Bonjour et bienvenue dans mon univers.

    Ce blog a pour vocation de regrouper mes textes, et de vous les faire partager. Alors, bonne lecture, et n'hésitez pas à laisser un commentaire.


    G.D

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